Les registres de catholicité

1. Qu’appelle-t-on « registre de catholicité » ?

Depuis le décret du 20 septembre 1792, l’état civil est tenu par les municipalités ; les curés, pourtant, ont continué – et continuent encore – à consigner baptêmes, mariages et sépultures dans des registres internes à l’Église : les registres de catholicité. On parle plus largement de registres post-concordataires pour inclure ceux des autres cultes reconnus au XIXᵉ siècle. Ces registres existent en double exemplaire : un conservé en paroisse, l’autre versé aux archives diocésaines, souvent en série G.

2. Repères chronologiques

PériodeÉvolution notableIncidence pour le généalogiste
1792–1801Rares registres « clandestins » tenus par prêtres jureurs ou réfractairesPermettent de combler le vide révolutionnaire
Milieu XIXᵉApparition de formulaires pré-imprimés ; tables alphabétiques dans certaines grosses paroissesRecherche accélérée grâce aux tables
1917Code de droit canonique : uniformisation des mentions (baptême, mariage)Actes plus détaillés et standardisés
1969 – 1983Réforme liturgique (Vatican II) puis nouveau code : élargissement de l’accès à la sépulture religieusePossible sépulture pour suicidés, divorcés remariés, etc.

3. Pourquoi les consulter ?

  1. Pallier les lacunes de l’état civil
    • Paris : les incendies de mai 1871 ont détruit la collection du greffe (1793-1859). Les 23 vieux registres paroissiaux indexés par La France Généalogique ont servi de substitut.
    • Somme, Marne, communes d’Algérie française : destructions de guerre ou collections incomplètes.
  2. Accélérer la recherche
    À Marseille (avant sa division en arrondissements en 1946), connaître la paroisse familiale évite de dépouiller toute la ville.
  3. Contextualiser la vie familiale
    Mentions du parrain, de la marraine, des témoins et même la « classe » d’enterrement (du luxe 1ʳᵉ classe au plus modeste) renseignent sur le réseau social et le niveau de fortune.
  4. Débloquer des impasses
    Un parrain originaire d’une commune voisine peut indiquer le berceau familial ; un baptême « ondoyé » révèle un danger de mort ; l’absence de sépulture religieuse peut signaler suicide ou incinération.

4. Contenu typique d’un acte post-concordataire

  • Baptême : date et lieu de naissance, noms/qualités des parents, parrain-marraine, parfois confirmation ou mariage en mention marginale.
  • Mariage : âges, lieux de naissance, filiations complètes, dispense éventuelle, signatures nombreuses.
  • Sépulture : âge, dernière adresse, sacrements reçus, « classe » de la cérémonie, parfois cause du décès.
    Les mentions marginales sont libres ; on y trouve ordinations, professions de foi, statut « illégitime », etc.

5. Où et comment les consulter ?

ÉtapeAvantageLimitation
Archives départementalesFonds historiques le plus complet ; consultation gratuite en salle et souvent en ligne (plus de 100 ans)Pas de registres récents
Archives diocésainesPossèdent l’exemplaire paroissial ; couvrent souvent 1900-1920 à nos joursSur rendez-vous ; délais de communicabilité (voir plus loin)
ParoissesPour les 50 dernières années ou les registres non versésHoraires réduits, dépend du curé

Astuce : commencez toujours par l’inventaire des Archives départementales. S’il manque une période, contactez le diocèse ; la paroisse n’est qu’un dernier recours.

6. Délais de communicabilité et cadre légal (France)

Type d’acteDélai usuel depuis 2014 ¹Fondement
Baptêmes120 ans à partir de l’acte ou de la dernière mentionDirectoire des archives diocésaines ; art. 18
Mariages100 ansIdem
SépulturesAucun délai (sauf dispositions locales)Idem
Mise en ligne (service public)150 ans ; 100 ans si accès nominatifRecommandation CNIL pour données sensibles

(¹ Ces délais demeurent à la discrétion de chaque évêque ; certains diocèses appliquent encore un seuil unique de 100 ans. Ex. : diocèse de Séez – 100/120 ans selon la nature des dossiers.) (orne.catholique.fr)

7. Numérisation et accès en ligne (2025)

  • FranceArchives recense, département par département, les collections déjà accessibles sur Internet. (francearchives.gouv.fr)
  • FamilySearch : depuis 2023 le portail a rouvert les dépôts d’images françaises ; près de 8 millions d’actes paroissiaux et de catholicité supplémentaires sont arrivés en mars-mai 2025. (familysearch.org, familysearch.org)
  • Sites commerciaux (Filae, MyHeritage) : proposent des index collaboratifs mais rarement les images post-1800 pour des raisons juridiques. (genealogiepratique.fr)
  • Limitations Vatican / mormons : la lettre de 2008 interdisant la copie systématique des registres reste en vigueur ; la plupart des numérisations récentes passent donc par des accords diocèse-archives publiques. (rfgenealogie.com)